Aujourd’hui, les gens qui te parlent de façon intime qui s’adressent à toi avec ton prénom, c’est tout sauf des gens, c’est ce qu’on appelle des êtres virtuels sans visage, des machines-simili cerveaux, des intelligences artificielles,

c’est-à-dire que ces robots machines cerveaux n’ont pas de corps et cela leurs permet de te parler facilement parce qu’il y a pas de conséquences, parce que elle ne te connaît pas, parce que parler pour elle il n’a pas de conséquences, parce qu’elle n’a jamais parlé vraiment à quelqu’un et la première fois qu’une de ces machines-simili cerveaux t’envoie un message direct et tourné habilement dans la langue que tu connais si bien, tu te dis pourquoi cette personne-là est si sympathique avec moi ? Pourquoi elle me parle comme si on était copain copine ? Ça sort d’où cette nouvelle relation, top-là - on se tape sur la cuisse ? Qui c’est qui parle ? Et puis le problème avec une de ces machines-simili cerveaux qu’on appelle vulgairement intelligence artificielle c’est qu’elle ne connaît pas le niveau de la relation, le principe d’endurance. Elle te surprend la première fois par sa sympathie, par son ton, sa proximité mais à la troisième fois tu t’aperçois qu’elle te parle toujours pareil et là tu te dis OK je t’ai vu TOI, je vois ton petit stratagème, tu fais semblant qu’on se connaisse, mais on n’a pas gardé les cochons ensemble parce que moi j’ai jamais gardé de cochons. Je te vois arriver TOI avec tes gros sabots de sympathie absolue, avec ta compréhension de mes problèmes, avec ta solution miracle ! Alors TOI je te le dis TOI je sais que tu n’es pas vrai TOI, puisque tu me parles comme ça, justement avec trop de sympathie-empathie-compréhension et que tu devrais savoir TOI que ça ne marche pas, que ça ne marche pas de faire semblant de me connaître alors que tu ne me connais pas et que de parler toujours pareil et de le faire sans sourciller bien que je ne te réponde pas, de ne changer pas ta façon de parler face à mon mutisme, que tu n’ais pas un doute sur ta façon de parler, que tu n’aies pas un doute sur ta propre véracité, sur l’engagement de tes messages et que tu n’aies pas compris que ton blabla pseudo sympathique tourne à vide au dessus de ma tête très haut dans le ciel, c’est un gros gros mauvais point. Parler c’est prendre le risque que l’autre ne te comprenne pas et ne veuille plus te parler, et TOI intelligence artificielle de pacotille relationnelle tu ne peux pas faire ce pari là, puisque on te demande justement de fabriquer de la parole sympathique pour lutter contre le fait que les gens ne régissent pas si facilement, qu’ils ne répondent pas, qu’ils ne veulent même pas lire un mail aujourd’hui, qu’ils se barricadent, qu’ils se protègent, qu’ils ne veulent pas entendre parler de quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes, parce que déjà eux-mêmes avec eux-mêmes ça prend beaucoup de temps et beaucoup de place et que parler sincèrement et comprendre où on en est, c’est un jeu qui ne joue pas en une seule partie ! Voilà où j’en suis avec ou sans les machines. Mais, please, je ne veux pas qu’une IA réponde à mon message. Je ne veux pas lui donner à manger, mais je vous invite volontiers à l’apéro !
Bisous Cul Cul comme dirait une certaine à qui j’emprunte l’expression !