À la gare
À la niche
À la consigne
Pas de secret pas de valise pour toi chacal


Disparaît dans la foule
Disparais dans le vide
Disparais de ma vue
Avale ta langue
Tais toi
Avale le sucre d’orge, avale
Et tais toi
Vas y aboie - aboie - aboie comme un klaxon
Jusqu’au paroxysme
Tu ne vaux pas mieux qu’un rat
Alors sors de ton trou, sors de là
Et pisse immédiatement
Pisse
Pisse sur la viande
Pisse sur la chair exposée en vitrine
Pisse sans fin pisse encore et encore
Pisse sur ce que tu voudrais manger à pleine dent
Je t’ai dis pisse
Après tu mangeras
Après
La viande pourrie et avariée
Pour l’instant pisse
Ta gueule ferme ta gueule
Oui ferme là ta grande gueule
Ravale tes soupirs, tes halètements tes gémissements
Range ta langue pendante
Ferme ta gueule
Avale ta salive, ta bave
Mâche ta langue mange tes gencives
Mais ferme ta gueule
Et puis tes poils, tes poils répandus sur le sol ramasse, ramasse les
Là partout ramasse
Ramasse tes poils
Ces boules de poils frôlant le sol
Ramasse et lèche les
Et puis avale, tu entends, avale
Ses poils boulettes cocon de toi même avale les
Profond jusqu’à l’estomac tapisse tes organes
Tes poils dans l’estomac
Tes poils laineux que tu laisses partout ramasse les et déglutit les jusqu’à en remplir tes
intestins
Et puis maintenant cesse de me regarder de cet œil humide et compatissant
A Cesse de me regarder
Ton museau humide ton haleine tourne les ailleurs
Dégage loin de moi
Disparais
Va te coucher dehors en plein ciel
Va te coucher sous la voûte céleste
Va te coucher définitivement
Sans pardon, sans rémission ! Coucher je te dis !
Arrête les grimaces
Cesse de remuer la queue
Ta queue nerveuse
Ta queue qui martèle le sol qui bat au rythme de ton angoisse
Et pas la peine de gonfler tes biscotos
Si tu veux encore exister alors cours le plus vite possible
Cavale, dévale, ravale à travers champs
A perdre haleine, à perdre souffle
Et que tes grelots sonnent à ton collier
Que ta prison résonne alentour
Allez vas y raconte ta dernière liberté
Cours au loin au plus vite vers l’horizon
Va chercher le crapaud, la belette, le paon ou le vautour
Va chasser les oiseaux, la tourterelle, le merle ou le roitelet
Et puis reviens à moi la langue traînant sur le sol et léchant la poussière
Et alors couche toi là
Coucher, coucher
Coucher le chien
Plus bouger
Fais le rat écrasé, la tarte tain, la crème renversé
Coucher, coucher, plus bouger
Sur le tapis coucher
Fais la carpette
Coucher, coucher tout à fait museau entre les pattes
J’ai dis coucher
Comme une huître à marée basse
Comme un sac de bonbon renversé
Comme un chat empaillé
Un chewing-gum collé
Une poupée désarticulée, couché !
Coucher, coucher définitif
Coucher le vermicelle
Coucher comme un encéphalogramme plat
Coucher le mollasson
A plat
Aplati
Carpette
Au sol
Coucher, couché, coucher
Plus bouger

Texte joué dans le spectacle « Entre chien et loup » // 2008

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