Je me réveille avec mes chiens à 8h moins le quart. A 8h moins le quart tapante, mes
chiens me réveillent.

Première chose ? Je ne prends pas ma douche, non ! Je
descends les poubelles à 8h moins le quart, à 8h moins le quart je descends aux
poubelles. Je dois inspecter et constater les dégâts ! Les poubelles qui débordent … Les
objets, mis n’importe comment ! Et à 8h je remonte, j’ai la situation en main. Et pourtant,
moi monsieur Canolli, je m’appelle monsieur Canolli, à 8h 5 je ne suis pas content ! Je suis
de mauvaise humeur ! J’ai mal dormi ! Je suis en pétard, j’ai dormi tout seul.
Il faut dire que le matin comme tous les matins, je n’ai pas le sourire, je suis toujours en
pétard !
Les autres me disent : « Monsieur Canolli, attendez ! Y’a plus malheureux que vous !! »
J’ai remarqué que les autres ont toujours le sourire, toujours la pêche, le matin ?
Mais moi, je suis comme ça, grincheux et c’est tout.
Les gens sourient souvent par provocation !
Certains vont même jusqu’à me dire : « Au lieu de regarder les gens, regardez-vous et
passez une bonne journée »
Bon j’essaye de ne pas le prendre trop mal.
J’ai bien inspecté pour voir si les poubelles n’étaient pas complètement bordéliques. Les
gens sont bordéliques. Mais qui est-ce que je peux faire chier maintenant ?
Je sors voir le boulanger.

Ah ! Mais c’est vrai ! Et mes 2 chiens ! Ils vont aboyer, les pauvres bêtes ! Elles sont
capables d’aboyer toute la journée quand elles sont enfermées. Mais ça n’a pas
d’importance! Même si ça dérange ! C’est comme ça !

Avant toute chose je sors à la boulangerie :
- Bonjour monsieur !
- Je veux cette tarte aux pruneaux avec les petits grains de sucre dessus. Oui je
veux celle là!
- Bonjour monsieur ! Donc vous désirez une tarte aux pruneaux avec des petits grains
en sucre.
- Les petits grains en sucre ! vous aimez ça les petits grains de sucre ? Quand on les
met sur la queue des oiseaux, ça les empêche de voler. C’est génial, les grains de
sucre, les grains de sel…
- Bien ! Bien ! Bien ! Bien sur ! Donc monsieur désire une tarte aux pruneaux ! Mais
laquelle ? la grande ? ou cette taille là?
- Je veux la tarte de 40cm de diamètre qui a des croisillons dessus et des petits grains
en sucre ! J’espère que les grains en sucre ne sont pas fondus. Est-ce que les
grains de sucre ont fondu ? c’est très, très, très important, pour moi !!
- Je ne pense pas monsieur !

Ca y est ! J’ai acheté ma tarte aux pruneaux. Pour réguler mes problèmes intestinaux ! Je
marche vite, une baguette et le carton ficelé de la tarte à la main ! Avant mon petit
déjeuner, je suis toujours de mauvais poil.
A 8h45 je descends les chiens. je ne les avais pas encore descendu les chiens. Les
pauvres bêtes ! Et quand je prends l’ascenseur, à cette heure là il y a souvent d’autres
personnes qui ont peur de mes chiens. Ca se voit à leur tête ! Je leur dis pourtant qu’ils
sont extraordinaires mes chiens, qu’ils sont gentils, qu’ils sont bien élevés, c’est ce je dis à
chaque fois ! Mais vous savez les gens…

JJe les emmène sur la pelouse en bas ! Ils sont contents mes chiens d’arroser la pelouse !
C’est leur terrain, c’est là qu’ils font consciencieusement leur belle crotte.
La pelouse, c’est leur territoire ! Peu de gens y passent maintenant !
C’est vrai que ce n’est pas facile à traverser !
Il y a beaucoup de crottes de chiens, il y en a partout, alors il faut avoir sans arrêt les yeux
par terre pour ne pas … il n’y a que ça, que ça, que ça !
Mes chiens aiment tellement cette pelouse que cela ne sert à rien de les emmener chier
ailleurs car c’est là qu’ils aiment… c’est là qu’ils font…
Sur la pelouse. Ils sont fidèles à cet endroit !
Mes chiens sont mes seuls compagnons, je vis seul avec mes chiens, je dors seul avec
mes chiens.
Mes chiens sont le bonheur de sa vie ! Mais pour la conversation, le dialogue je vais aller
au café d’en face. Ça fait longtemps que je n’ai pas enquiquiné quelqu’un. Dans le regard
du patron je vois tout de suite qu’il veut me vendre un verre de vin, un verre de bière, un
petit pastis ou ... Mais je lui dis : « Je voudrais juste un verre d’eau s’il vous plaît, un petit
verre d’eau. Vous savez que c’est obligatoire par la loi ! Donnez-moi un petit verre d’eau
pour la soif, un petit verre d’eau que je ne paierai pas » et le patron me sert mon verre, il
me connaît !!
« J’ai encore un peu soif, donnez m’en un deuxième ! »
Et puis me vient l’envie de fumer un cigare. « S’il vous plaît, je veux bien un petit cigare le
cigarillos qui est dans la boite qui n’est pas encore ouverte. Là ! Sachez que vous êtes
obligé de par la loi de me vendre un cigare d’une boite qui n’est pas encore ouverte ! »
Bon, voila une bonne chose de faite ! Cette petite conversation m’a fait du bien !

Maintenant, je vais monter sur ma terrasse ! Dans l’immeuble, à force de tout inspecter, j’ai
découvert cette terrasse ! Cette terrasse où personne ne vient !
C’est le désert absolu, personne n’a jamais eu idée d’y monter et j’y ai fait mon petit coin,
j’ai mis un tapis ! Et je suis là au milieu des antennes des téléphones portables, serein et
dominant le monde !

C’est un lieu d’observation magnifique ! Je contemple les travailleurs sur le bl des
maréchaux, tous ces hommes casqués, avec leurs vêtements de protections. J’ai repéré un
chef, un gradé! Il est beaucoup plus petit que les autres, assez gros et il porte une veste
assez longue. Tous les autres hommes le saluent dès son arrivée. Il fait un geste amical à
chacun et donne des ordres pour le début des travaux. Il fait des tas de gestes en tous
sens, comme un chef d’orchestre. C’est comique !
Ils agissent dessus et dessous ! Comme des insectes, ils creusent, ils creusent des trous,
des galeries, des tranchées, c’est toute une sorte d’abîme ! Ils pénètrent dans la terre avec
leurs outils. Ils organisent les souterrains ! et à la surface les barrages changent de place,
les barrières apparaissent et disparaissent, le sol monte et descend… c’est l’oeuvre des
ponts et chaussés !

Tous les jours que Dieu fait, qu’il pleuve qu’il neige qu’il vente, je monte sur la terrasse
observer le monde souterrain !

Mes chiens ne viennent pas sur la terrasse, aussi l’heure tourne et dois quitter mon poste
d’observation et aller leur donner à manger ! C’est que sinon ces pauvres bêtes vont
aboyer toute la journée et après je vais avoir des problèmes, des problèmes des
problèmes, des problèmes …

Mais soudain un nuage de pigeons atterrit sur la terrasse avec force battement d’aile ! Ma
tarte aux pruneaux ! J’avais oublié de manger C’est elle qu’ils veulent ces sales bêtes ! Je
ne vais pas me laisser faire ! Les pigeons sont nombreux ! Je ne vais sûrement pas leur donner de ma tarte ! Vermines ! Oust ! Du balai !! Allez Je passe à travers cette multitude
plumée et je vais prendre le carton ! Sales pigeons avides ! Allez ! Oust ! Déquerpicez !
Sales vermines qui esquintent les monuments !! Espèce nuisible !! Allez ! Oust !
Déquerpicez ! Et hop je prends le carton sous le bras et je sors …

Cette tarte aux pruneaux c’est moi qui vais la manger ! Sans en perdre une miette. Toute
entière et qu’on n’en parle plus !

Il est déjà 19h et mes chiens ! Ils doivent aboyer ! Les pauvres bêtes !
Mais comment ne pas aller au parc voir le tai-chi ! Tous les jours je viens voir le tai-chi,
c’est de la gymnastique chinoise ! J’essaye de comprendre les mouvements mais ce n’est
pas évident !

Oh ! 21h ! Mes chiens doivent aboyer, les pauvres bêtes !! Je les entends d’ici ! Oh, ces
chiens qui aboient sans cesse. Les pauvres bêtes ! Oui j’arrive ! J’arrive ! C’est pas l’heure
d’aboyer, nom d’un chien !


Texte joué pour le spectacle « Rue du Départ » // 2005

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