La loi de Rachida

mars 2024

Rachida tu as accepté d’être celle qui dit que 200 millions sont retirés au budget de la culture. Tu acceptes ce poste, c’est toi qui nous vire, c’est toi qui ferme des lieux et c’est toi qui tout sourire tente de noyer le poisson. Tu penses que je dramatise ? Que j’exagère ? Est-ce que tu sais combien je coute Rachida, combien je te coute, par jour ? Par mois ? Par semaine ? Par an ? Est-ce que tu sais combien ma vie te coute, à toi qui raye si facilement les zéros ? Est-ce que tes chiffres sont les mêmes que les miens ? Est-ce que tu peux voir la blessure derrière les zéros des millions ? Rachida, est-ce que je suis ta valeur d’ajustement ? Est-ce que tu fais des multiplications, des soustractions dès que tu me vois ? Est-ce que tu t’en fous de mes petits zéros sans guerre ? Est-ce que c’est plus excitant les millions ? Est-ce que tu as une estime de toi ? Une estime de moi ? Est-ce qu’on partage des valeurs ? Est-ce que j’ai une valeur ? Est-ce que tu me connais ? Est-ce que tu penses à ma vie ? Est-ce que tu imagines mes soucis, ma liste de courses, mon loyer ? Est-ce que tu sais que nous avons un même poids de larmes, de chair et de justice ? Rachida, tu sais que l’on est soumises toutes les deux aux mêmes lois, mais quelle loi ? Est-ce que tu penses à la solidarité comme à un corps putréfiant ? Est-ce que je pue ? Est-ce que tu sais pourquoi je rie, je pleure, je danse ? Est-ce que tu aimes les artistes, les farfelues, les hors cadres, les bourlingueuses, les clowns et les trapézistes ? Est-ce que tu sais vraiment comment je travaille, pourquoi je travaille, avec quoi je travaille, combien de temps je travaille ? Est-ce que tu sais ce qui me coute le plus c'est de t’écouter, de faire mine de rien, de ne pas répliquer, de ne pas te rentrer dedans, de te laisser parler comme un couperet, de te laisser trahir, de te laisser mentir ? Est-ce que tu sais que c’est toi qui fait mal, qui me fait mal et me donne envie de dégueuler ? Rachida est-ce que tu sais que tes mots bien huilés mensongers me rentrent dans le corps comme des épées trop aiguisées ? Rachida je suis le poisson que tu veux noyer, je suis un gros thon tranché qui traine à tes pieds et qui n’en finira pas de saigner.

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