Le bleu du ciel

avril 2024

Le ciel est parfaitement bleu, je me dois de dire que ce bleu est d’un bleu que je voudrais reconnaitre, d’un bleu auquel je pourrais croire, ce bleu de l’épaisseur de l’air qui se fait malgré moi, au-dessus de moi, un bleu incroyablement bleu que je vois bleu et qui est reconnu bleu quand je pose la question à quelqu’un. Alors oui le ciel est bleu, je le vois bleu moi-aussi, d’un beau bleu même si l’air est vicié, même si il y a une centrale nucléaire qui crache dans le ciel, même si j’ai pété à l’air libre, même si la bouse fraiche inhale mes narines, même si les pots d’échappement m’insupportent, même si les éoliennes effraient les oiseaux, le ciel est bleu comme une promesse, une promesse que je ne comprends plus, une promesse céleste sournoisement vierge, une promesse sans paysage plus lourde à porter que mes bagages. Le bleu de la vie est là, imperturbable, fossilisé, en double épaisseur, ourlé de sentiments trompeurs ! Au même moment, je comprends que le ciel bleu est tout à la fois, ma santé mentale et ma mort prochaine, mon enthousiasme et ma disparition. Alors si je vois le bleu du ciel, si je regarde le ciel bleu c’est pour me dire que je suis en vie, certes engluée dans la culture romantique, mais en vie. Ce bleu est un indicateur jugé important, je m’y intéresse comme nombre de mes semblables ayant abandonné depuis longtemps l’idée des cieux de Dieu, alors il me reste à fredonner le bleu du ciel de Francis Cabrel qui ne parle que de toi et de ton amour plus bleu que le ciel autour, pour ne pas disparaître à la prochaine attaque. Le ciel et tous ses drones tirent n’importe où. Alors moi je me méfie du ciel, immobile et sans réponse portant dans son immaculée conception le bleu de la discorde. Ce bleu au-dessus de ma tête ne peut plus me rassurer sur ma propre plénitude, ce bleu layette ne me fait ressentir qu’avec plus d’acuité, les chocs, les violences, les embrouilles, les ouragans, les guerres, les viols, les ruptures, les incendies, les guerres encore et encore, les exterminations, les blessures, les tueries, et tous les humains qui à chaque seconde envoient leur message de détresse sur les ondes au-dessus de moi dans le bleu du ciel. Qui peut dire que ce ciel bleu ne va pas nous tomber sur la tête ?

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